Bernard GAY
2004-11-05 16:35:48 UTC
Je suis étonné (pour ne pas dire déçu) par le peu d'intérêt suscité par ma
proposition d'un forum sur la question d'Alésia mise en ligne le 26 octobre
: pas une seule réponse !
Alors que des correspondants discutent pendant des semaines sur le sexe des
anges (origine continentale ou maritime de populations antiques,
interprétation d'une écriture crétoise.) ou grimpent au rideaux pour un mot
soupçonné « politiquement incorrect », il ne se trouverait personne pour
essayer d'approfondir des faits qui concernent le mythe fondateur de la
France, c'est-à-dire Vercingétorix et cette campagne contre César qui s'achève
par la défaite d'Alésia.
Selon la théorie « officielle » défendue par l'establishment, l'oppidum
gaulois d'Alésia serait la butte du mont Auxois à Alise-Ste-Reine. Un livre
récent du Pr. Reddé couronne les six années de fouilles qu'il y a dirigées
et qui viennent de se terminer. Alors que rien de probant n'a été découvert,
ce haut responsable de l'archéologie française clame urbi et orbi que cette
fois, plus aucun doute ne subsiste : cette taupinière exiguë est bien le
site de la bataille de -52.
C'est aller un peu vite en besogne et surtout c'est oublier que (et cette
liste n'est pas exhaustive !) :
- l'Oze et l'Ozerain (les deux ruisseaux d'Alise) ne sauraient toujours pas
justifier les termes de « flamina » (plur. de flumen : chez César, cours d'eau
constituant un obstacle militaire) que l'on trouve dans la Guerre des
Gaules.
- l'indispensable « Camp Nord » installé en pente et en hauteur n'a toujours
pas été identifié, pas plus que les « praerupta » (abrupts) obligatoirement
situés entre ce camp et la ville d'Alésia.
- César n'a matériellement pas pu réaliser sous Alise (sur 16 Km + 20 Km)
les formidables retranchements qu'il mentionne et qui lui sont
indispensables pour s'opposer victorieusement avec moins de 80 000 hommes au
déferlement de 350 000 guerriers gaulois. Qui plus est, pas un seul des
fossés exhibés ne correspond aux descriptions et aux dimensions indiquées
par le texte du proconsul romain.
- alors qu'Alésia était réputée être la « métropole religieuse de toute la
Celtie », pas un seul monument cultuel celte n'a été retrouvé aux abords du
Mont Auxois.
- Si Alésia est à Alise, Vercingétorix est un matamore borné dont on se
demande bien pourquoi nous avons fait un héros national.
Or, depuis quarante ans, un site de remplacement est proposé dans le Jura,
dans ce pays des Séquanes que traversaient les légions en retraite vers la
Province.
Découvert en 1964 par l'archéologue André Berthier (aujourd'hui décédé), ce
site de Syam/Chaux-des-Crotenay concorde point par point avec les
descriptions données par les textes.
Les sondages effectués ont permis de reconnaître les soubassements
cyclopéens du rempart de la ville ainsi que des centaines d'artéfacts, tous
situés aux emplacements nécessaires à la bonne compréhension des diverses
phases de la bataille et aux impératifs du siège.
Curieusement, dès que la datation de ce site a été confirmée (fin de la
République, donc contemporain de la bataille), un couvercle de plomb est
venu recouvrir les travaux de ce spécialiste reconnu des antiquités
romaines, correspondant de l'Institut :
- plus aucune autorisation de fouille n'est accordée et les travaux en cours
doivent être abandonnés car les amendes prévues par la Loi Carcopino sont
très dissuasives.
C'est ainsi : on peut, en France, détruire totalement (et en toute impunité)
un site archéologique. La sanction (si sanction il y a) sera toujours
symbolique, tous les responsables de travaux le savent (et en profitent
parfois). Mais fouiller (même en étant qualifié et en respectant toutes les
procédures techniques) sans être nanti de la sacro-sainte autorisation des
autorités, c'est hors de prix !
- toute mention de découvertes « romaines » dans cette zone du Jura
officiellement cataloguée « archéologiquement vide » est bannie de la
documentation : on ira même jusqu'à expurger certaines rééditions de toute
allusion à des trouvailles anciennes et avérées !
- le décret rayant Alise de la liste des sites d'intérêt national « en tant
que site de la bataille d'Alésia » parait au JO du 27/11/98 dans l'indifférence
générale. Et avec une discrétion suspecte dans les médias spécialisés
puisque la revue Historia, y compris dans son numéro spécial sur Alésia paru
en mars 99, ne daigne même pas y faire allusion.
- profitant de la torpeur d'un mois d'été, un journaliste publie-t-il, dans
un quotidien (Libération, 13 au 18/08/2001) une série d'articles sur la
question ?
Réveillée par ses commanditaires, la rédaction du journal censure la
conclusion promise pour la semaine suivante. et celle-ci ne paraîtra jamais
!
Ce journaliste devra se tourner vers le magazine « Géo » (N° 291, mai 2003)
pour publier un article bien documenté. (Le fait que ce périodique soit sous
le contrôle de capitaux allemands explique peut-être cela.)
Car si ce site du Jura est reconnu pour être le vrai cadre de cette bataille
homérique, les conséquences sont importantes :
Vercingétorix apparaît comme un génial stratège qui a été à deux doigts d'exterminer
César et ses armées.
Et c'est toute l'Histoire de la Gaule et du monde romain qui aurait été
changée : plus d'Empire romain, plus de civilisation gallo-romaine, plus de
christianisation précoce de notre sol, la France - comme l'Irlande, mais à
une tout autre échelle - restant un monde celte. On peut rêver !
Plus prosaïquement, ce sont des dizaines de doctes messieurs (et quelques
dames, soyons honnêtes), d'autorités universitaires incontestées (et
craintes), de journalistes connus aux déclarations péremptoires qui sont
priés de descendre de leurs piédestaux et d'avouer publiquement qu'ils se
sont (qu'ils nous ont) trompés en étalant et en publiant leurs belles
certitudes. Je ne citerai pas de noms, ils se reconnaîtront !).
Ce sont aussi de basses considérations pécuniaires :
- 150 ans de fouilles à Alise (aux frais du contribuable) pour un site
purement gallo-romain qui ne méritait pas tant d'honneurs,
- des milliers de touristes qui délaisseraient une ville devenue sans grand
intérêt : les élus locaux et leurs électeurs apprécieraient cette
disparition de la manne découlant de l'exploitation du site !
- et accessoirement, les exploitants de l'Archéodrome de Beaune qui auraient
du mal à justifier leur engouement pour Alésia en étant aussi loin de l'emplacement
des combats.
Comme quoi, rien n'est simple.
Nombreux ont dû être les lecteurs qui ignoraient tout de cette polémique.
Il va de soi que je suis à leur disposition pour tout renseignements
complémentaires car ces quelques lignes ne sont que le sommet d'un iceberg
très volumineux.
Pour conclure, je tiens à préciser que je n'appartiens pas au sérail et que
je n'ai aucun intérêt - ni matériel, ni moral - dans cette controverse. Je n'y
participe qu'en tant que curieux et amateur d'Histoire, allergique aux
carabistouilles, surtout quand elles prennent des allures d'affaires d'Etat
!
Cordialement :
GB
proposition d'un forum sur la question d'Alésia mise en ligne le 26 octobre
: pas une seule réponse !
Alors que des correspondants discutent pendant des semaines sur le sexe des
anges (origine continentale ou maritime de populations antiques,
interprétation d'une écriture crétoise.) ou grimpent au rideaux pour un mot
soupçonné « politiquement incorrect », il ne se trouverait personne pour
essayer d'approfondir des faits qui concernent le mythe fondateur de la
France, c'est-à-dire Vercingétorix et cette campagne contre César qui s'achève
par la défaite d'Alésia.
Selon la théorie « officielle » défendue par l'establishment, l'oppidum
gaulois d'Alésia serait la butte du mont Auxois à Alise-Ste-Reine. Un livre
récent du Pr. Reddé couronne les six années de fouilles qu'il y a dirigées
et qui viennent de se terminer. Alors que rien de probant n'a été découvert,
ce haut responsable de l'archéologie française clame urbi et orbi que cette
fois, plus aucun doute ne subsiste : cette taupinière exiguë est bien le
site de la bataille de -52.
C'est aller un peu vite en besogne et surtout c'est oublier que (et cette
liste n'est pas exhaustive !) :
- l'Oze et l'Ozerain (les deux ruisseaux d'Alise) ne sauraient toujours pas
justifier les termes de « flamina » (plur. de flumen : chez César, cours d'eau
constituant un obstacle militaire) que l'on trouve dans la Guerre des
Gaules.
- l'indispensable « Camp Nord » installé en pente et en hauteur n'a toujours
pas été identifié, pas plus que les « praerupta » (abrupts) obligatoirement
situés entre ce camp et la ville d'Alésia.
- César n'a matériellement pas pu réaliser sous Alise (sur 16 Km + 20 Km)
les formidables retranchements qu'il mentionne et qui lui sont
indispensables pour s'opposer victorieusement avec moins de 80 000 hommes au
déferlement de 350 000 guerriers gaulois. Qui plus est, pas un seul des
fossés exhibés ne correspond aux descriptions et aux dimensions indiquées
par le texte du proconsul romain.
- alors qu'Alésia était réputée être la « métropole religieuse de toute la
Celtie », pas un seul monument cultuel celte n'a été retrouvé aux abords du
Mont Auxois.
- Si Alésia est à Alise, Vercingétorix est un matamore borné dont on se
demande bien pourquoi nous avons fait un héros national.
Or, depuis quarante ans, un site de remplacement est proposé dans le Jura,
dans ce pays des Séquanes que traversaient les légions en retraite vers la
Province.
Découvert en 1964 par l'archéologue André Berthier (aujourd'hui décédé), ce
site de Syam/Chaux-des-Crotenay concorde point par point avec les
descriptions données par les textes.
Les sondages effectués ont permis de reconnaître les soubassements
cyclopéens du rempart de la ville ainsi que des centaines d'artéfacts, tous
situés aux emplacements nécessaires à la bonne compréhension des diverses
phases de la bataille et aux impératifs du siège.
Curieusement, dès que la datation de ce site a été confirmée (fin de la
République, donc contemporain de la bataille), un couvercle de plomb est
venu recouvrir les travaux de ce spécialiste reconnu des antiquités
romaines, correspondant de l'Institut :
- plus aucune autorisation de fouille n'est accordée et les travaux en cours
doivent être abandonnés car les amendes prévues par la Loi Carcopino sont
très dissuasives.
C'est ainsi : on peut, en France, détruire totalement (et en toute impunité)
un site archéologique. La sanction (si sanction il y a) sera toujours
symbolique, tous les responsables de travaux le savent (et en profitent
parfois). Mais fouiller (même en étant qualifié et en respectant toutes les
procédures techniques) sans être nanti de la sacro-sainte autorisation des
autorités, c'est hors de prix !
- toute mention de découvertes « romaines » dans cette zone du Jura
officiellement cataloguée « archéologiquement vide » est bannie de la
documentation : on ira même jusqu'à expurger certaines rééditions de toute
allusion à des trouvailles anciennes et avérées !
- le décret rayant Alise de la liste des sites d'intérêt national « en tant
que site de la bataille d'Alésia » parait au JO du 27/11/98 dans l'indifférence
générale. Et avec une discrétion suspecte dans les médias spécialisés
puisque la revue Historia, y compris dans son numéro spécial sur Alésia paru
en mars 99, ne daigne même pas y faire allusion.
- profitant de la torpeur d'un mois d'été, un journaliste publie-t-il, dans
un quotidien (Libération, 13 au 18/08/2001) une série d'articles sur la
question ?
Réveillée par ses commanditaires, la rédaction du journal censure la
conclusion promise pour la semaine suivante. et celle-ci ne paraîtra jamais
!
Ce journaliste devra se tourner vers le magazine « Géo » (N° 291, mai 2003)
pour publier un article bien documenté. (Le fait que ce périodique soit sous
le contrôle de capitaux allemands explique peut-être cela.)
Car si ce site du Jura est reconnu pour être le vrai cadre de cette bataille
homérique, les conséquences sont importantes :
Vercingétorix apparaît comme un génial stratège qui a été à deux doigts d'exterminer
César et ses armées.
Et c'est toute l'Histoire de la Gaule et du monde romain qui aurait été
changée : plus d'Empire romain, plus de civilisation gallo-romaine, plus de
christianisation précoce de notre sol, la France - comme l'Irlande, mais à
une tout autre échelle - restant un monde celte. On peut rêver !
Plus prosaïquement, ce sont des dizaines de doctes messieurs (et quelques
dames, soyons honnêtes), d'autorités universitaires incontestées (et
craintes), de journalistes connus aux déclarations péremptoires qui sont
priés de descendre de leurs piédestaux et d'avouer publiquement qu'ils se
sont (qu'ils nous ont) trompés en étalant et en publiant leurs belles
certitudes. Je ne citerai pas de noms, ils se reconnaîtront !).
Ce sont aussi de basses considérations pécuniaires :
- 150 ans de fouilles à Alise (aux frais du contribuable) pour un site
purement gallo-romain qui ne méritait pas tant d'honneurs,
- des milliers de touristes qui délaisseraient une ville devenue sans grand
intérêt : les élus locaux et leurs électeurs apprécieraient cette
disparition de la manne découlant de l'exploitation du site !
- et accessoirement, les exploitants de l'Archéodrome de Beaune qui auraient
du mal à justifier leur engouement pour Alésia en étant aussi loin de l'emplacement
des combats.
Comme quoi, rien n'est simple.
Nombreux ont dû être les lecteurs qui ignoraient tout de cette polémique.
Il va de soi que je suis à leur disposition pour tout renseignements
complémentaires car ces quelques lignes ne sont que le sommet d'un iceberg
très volumineux.
Pour conclure, je tiens à préciser que je n'appartiens pas au sérail et que
je n'ai aucun intérêt - ni matériel, ni moral - dans cette controverse. Je n'y
participe qu'en tant que curieux et amateur d'Histoire, allergique aux
carabistouilles, surtout quand elles prennent des allures d'affaires d'Etat
!
Cordialement :
GB